11 / 07 / 2019

Êtes-vous résistant à la leptine?

Ne confondez pas avec les lectines dont j'ai largement parlé ces derniers temps. D'ailleurs, aux vues de votre intérêt et des nombreuses demandes de conseils pratiques, nous avons décidé de dédier le dernier numéro du magazine 95° qui sortira en septembre, à des recettes sans lectines.  

Qu'est-ce que la leptine ?


La leptine n'a rien à voir. C'est une hormone de votre tissu adipeux qui est sécrétée proportionnellement en fonction de votre taux de masse grasse. Plus vous êtes gras, plus vous sécrétez cette hormone qui informe votre cerveau de l'état nutritionnel de votre organisme. Il se trouve qu'on peut devenir résistant aux messages de la leptine ce qui entraîne les problèmes d'obésité.

En 2011 des études ont démontré que votre microbiote intestinal contrôlait l'action de la leptine.

Et ce n'est pas rien, puisque c'est elle qui régule votre satiété. Bref, soit vous avez toujours faim, vous mangez alors en trop grande quantité et vous grossissez, soit votre microbiote est en eubiose et vous maîtrisez très bien votre sensation de faim. Des études ont été menées sur des souris: Les unes étaient nourries avec un régime riche en graisses ce qui a entraîné un gain de poids corporel et une résistance à l'action de la leptine. Les autres ont été également nourries avec un régime riche en graisses mais complété avec des prébiotiques, c'est-à-dire des fibres que vous trouvez dans vos légumes, et les souris ont alors recouvré une réponse physiologique normale à la leptine, elles ont moins mangé et elles ont pris moins de poids.

On peut conclure que la composition du microbiote intestinal enrichi de prébiotiques améliore la sensibilité à la leptine et permet de mieux réguler sa satiété et son poids.

C'est un premier pas, mais tous les mécanismes ne sont pas encore élucidés. Ce qu'on peut observer c'est que le fait de changer le microbiote intestinal avec des prébiotiques réduit l'inflammation de bas grade, vous savez l'inflammation silencieuse, et améliore la sensibilité à la leptine. D'autres études démontrent que les acides gras à courte chaîne ( AGCC) fabriqués par notre intestin à partir des fibres (prébiotiques) de vos légumes, de vos fruits et de certaines graines, (pour rappel il s'agit de l'acétate, du butyrate, du propionate qui à eux 3 représentent 95 % des AGCC), régulent la production de leptine en augmentant fortement la production d'acides gras à courte chaîne dans le caecum et dans le sang. Les AGCC* servent de source d'énergie aux cellules présentes dans le colon. Ils contribuent à entretenir le mucus intestinal et ont la capacité d'influer sur les gènes qui régulent la prolifération des cellules et leur cycle cellulaire (duplication de l'ADN). Il semblerait que les acides gras à courte chaîne réduisent les niveaux de cholestérol mais aussi de glucose. Ils seraient donc protecteur contre le diabète et l'obésité. Je parle au conditionnel car dans le domaine de la santé, il y a tellement de facteurs qui entrent en jeu que c'est difficile de faire une affirmation.

Ce qu'on peut affirmer sur les acides gras à courte chaîne (AGCC), c'est qu'ils jouent un rôle dans le métabolisme énergétique, également dans la santé intestinale et dans la satiété. Ils sont produits par deux types de bactéries issues de la fermentation des fibres : les bifido bactéries et les lactobacilles. On comprend alors l'impact des probiotiques sur la production de ces acides gras à courte chaîne. De nombreuses études ont permis de montrer l'action des bactéries probiotiques sur la production d'énergie mais aussi ont démontré leur effet anti-infectieux, et anti-inflammatoire.   La leptine est donc importante dans la régulation de la satiété, du poids et de l'énergie. Les patients obèses ont des taux élevés de leptine circulante indiquant un état de résistance acquise, ce qui entraîne un appétit incontrôlé et forcément un gain de poids. Les maladies qui en découlent sont les problématiques liées aux maladies cardio-vasculaires, les AVC, la résistance à l'insuline dans un premier temps puis le diabète de type 2 dans un deuxième temps. Si vous faites partie de ces personnes qui ont toujours faim, c'est que vous mangez trop de céréales et trop de sucre. En effet les protéines des graines céréalières, surtout les graines contenant du gluten, ont le pouvoir d'empêcher la liaison de la leptine à son récepteur. Cela veut dire qu'elles sont résistantes à la digestion gastro-intestinale, elles entrent dans la circulation humaine et se lient à la surface des cellules et à des récepteurs pour causer une résistance à la leptine en inhibant la liaison à son récepteur. D'autres études animales ont montré que la gliadine (vous savez la protéine qu'on trouve dans le gluten) digérée, engendrait un gain de poids de 20 % lorsqu'elle était injectée à des souris non obèses diabétiques, ce qui laisse supposer le démarrage d'une résistance à la leptine. En gros, plus vous mangez de pain, de pâtes, de pizzas, plus vous risquez d'entraîner une résistance à la leptine et vous aurez toujours faim. Je suis sûre que vous connaissez dans votre entourage des personnes qui ne peuvent pas se passer de petit déjeuner bien sucré avec des tartines et qui, 2 heures après, ont de nouveau faim, n'est-ce pas ?   Je vais peut-être me répéter de nouveau, mais vous savez que la consommation de gluten a fortement augmenté ces 100 dernières années et sa consommation s'accélère dans le monde entier. Les blés d'aujourd'hui ont été tellement hybridés et trafiqués de façon à produire plus de gluten pour être plus facilement panifiables et surtout plus rentables, que c'est au détriment de votre santé! Notre homme du paléolithique ne connaissait pas les céréales. Peut-être y en avait-il des sauvages qu'ils consommaient en toute petite quantité, mais ce n'était pas la base de leur alimentation comme aujourd'hui. On a bien démontré qu'un régime sans gluten réduisait le taux de leptine, le taux de graisse, l'inflammation, et l'insulino résistance chez la souris malgré un apport calorique similaire. Chez l'humain on a retrouvé des protéines de blé non dégradées dans son sang! Peut-être ces arguments vont-ils vous encourager à manger sans gluten, et si vous êtes fragiles et que vous avez une maladie, à manger tout simplement sans lectines dans un premier temps et à ne les ré introduire que quand vous aurez réglé vos problèmes de santé.   

Désolée de vous dire qu'on ne peut pas arrêter un diabète tant qu'on mange une tartine…

Et si vous voulez vraiment manger encore un peu de gluten, en tout cas, accompagnez-le de beaucoup de légumes cuits à la vapeur dans le Vitaliseur. Votre microbiote vous dira merci !

Marion Kaplan

*Isabelle Hoppenot d'après un entretien avec Philippe Langella, directeur de recherche à l'institut médical de l'INRA à Jouy-en-Josas "l'intestin, carrefour de mon destin" du Docteur Philippe Fievet tome 6  

Partager