5 / 04 / 2017

Vous êtes un homme, Madame Kousmine !

« Je préfère m’adresser directement au public car si ces médecins se soignent comme ils traitent leurs patients, ils ont leurs cerveaux sclérosés ! » (Catherine Kousmine)

 

Le docteur Catherine Kousmine, a laissé derrière elle de nombreux trésors parmi lesquels une Fondation que préside le Dr Philip Kéros. Ce lieu, qui porte son nom, s’active pour la sauvegarde, le maintien, la diffusion et le développement des principes du Dr Kousmine. C’est elle-même qui en a défini la charte en 1987. Pour mieux connaître l’œuvre de cette femme précurseur, l’adresse et le berceau de son savoir étaient donc tout trouvés. Une rencontre avec les gardiens des secrets d’une femme médecin pas comme les autres.

Qu’est ce que Catherine Kousmine a changé à notre vie ?

 

Dr Philip Kéros : C’est un lieu commun que de dire qu’elle était un précurseur ! Elle avait réussi à imposer les intérêts de sa méthode, fondée sur cinq principes. Mais c’est surtout à travers ses règles alimentaires que le public la connaît. Elle n’hésitait pas à prendre son bâton de pèlerin pour transmettre son savoir à travers des conférences. Elle savait rester pragmatique et proche du terrain. Elle a dénoncé très tôt les conséquences sur notre santé des modifications alimentaires industrielles, parmi lesquelles les huiles raffinées ou encore les céréales blutées[1]. Depuis, la liste n’a cessé de s’allonger (additifs, pesticides, méthodes de cuissonsucre raffiné…). Elle a été la première à poser les bases d’une médecine écologique reposant sur des constats scientifiques, même si ce terme n’existait pas à son époque. C’est le principe même d’Hippocrate qui disait : « Nous sommes ce que nous mangeons » mais qui était à contre-courant de l’esprit des années 1950 où les maîtres mots étaient « progrès » et « technologie ». Catherine Kousmine a permis de sensibiliser le public à l’intérêt d’une bonne hygiène alimentaire (aliments peu ou pas transformés, de qualité) dans le but de conserver ou retrouver une bonne santé.

Diriez-vous que nous vivons avec ces principes sans même la connaître ?

 

L’hygiène alimentaire comme base d’une bonne santé est désormais reconnue aux niveaux les plus officiels. De nombreux programmes de santé sont mis en place dans les pays occidentaux pour endiguer la surmortalité liée à l’alimentation industrielle désormais affublée du vocable « malbouffe ». Ce terme n’en insiste pas moins sur le caractère délétère de cette nourriture. Il reste que la popularité de sa fameuse Crème Budwig est indéniable, y compris chez ceux qui ne connaissent pas la Doctoresse Kousmine ! Plus proches de nous, des médecins comme Paul Carton ou David Servan-Schreiber ont contribué à porter des messages d’inspiration similaire. Même si les sources semblent différentes, les constats restent identiques ! Des historiens réfléchissent désormais à qualifier la période commençant vers les années 1940 comme le début d’une nouvelle ère géologique : l’Anthropocène, la période où l’homme a commencé à dévorer sa planète et y laissera un impact visible pour le futur.

 

Alors qu’elle travaille en pédiatrie, elle va sauver un enfant de 7 ans en modifiant le diagnostic de son chef de service. C’est un acte qui parle beaucoup de la femme qu’elle était ? C’est un peu le début de ce qu’elle va devenir ?

 

C’est en tout cas un acte qui l’a rendue particulièrement fière et qu’elle racontait toujours avec beaucoup d’émotion. À cette époque, les femmes sont moins respectées et moins rémunérées dans un métier considéré comme masculin. Les femmes sont plus naturellement infirmières. Elle raconte alors que son chef de service, pour lui marquer sa grande considération, avait déclaré « Du bist ein menschen » (« Tu es un homme ! »). Par la suite, c’est ce courage et cette audace, alliés à une grande curiosité et un esprit scientifique rigoureux, qui donneront la carrure d’une véritable combattante avant-gardiste. Déçue par l’accueil froid de ses confrères qu’elle n’arrive pas à convaincre, elle prendra son bâton de pèlerin pour animer des cours et des conférences en public, se mettant ainsi au service des idées qu’elle défend. Elle répétait : « Je préfère m’adresser directement au public car si ces médecins se soignent comme ils traitent leurs patients, ils ont leurs cerveaux sclérosés ! »

 

[1] Blutage : action de séparer la farine du son et autres produits de mouture.

« Comprendre les causes, c’est leur permettre d’agir sur les conséquences. » Catherine Kousmine

 

Quels ont été les grands travaux de Kousmine ?

 

La Doctoresse Catherine Kousmine s’est démarquée par l’intérêt qu’elle portait à ses patients. Ils étaient des objets de réflexion et de recherche. C’est ainsi qu’elle a mis au point sa méthode thérapeutique et préventive que l’on connaît aujourd’hui comme la « Méthode Kousmine »…

 

Retrouvez la suite de cet article, sa méthode, ses « 5 piliers », ses grandes découvertes, ce qu’en pense la médecine aujourd’hui mais aussi le secret de son petit-déjeuner dans le magazine 95° #7 (mars-avril).

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