16 / 09 / 2025
Leaky Gut : refermer la brèche de votre système immunitaire
Imaginez une barrière de sécurité longue comme un terrain de tennis et fine comme un cheveu. C’est votre muqueuse intestinale : une seule couche de cellules qui sépare votre sang d’un océan de 100 000 milliards de bactéries. Tant qu’elle est intacte, cette barrière agit comme un filtre de haute précision : elle laisse passer les nutriments et bloque les intrus.
Mais lorsqu’elle se fissure — sous l’effet du stress, des pesticides, des antibiotiques ou d’un régime riche en lectines —, elle devient perméable : c’est le leaky gut.
Le Dr Gundry explique : « Quand l’intestin fuit, les fragments bactériens et alimentaires passent directement dans la circulation. » Ce passage déclenche une réaction immunitaire permanente, ce qu’il appelle « une guerre civile intérieure ». Résultat : fatigue chronique, brouillard cérébral, douleurs articulaires, troubles auto-immuns.
Cette hyperperméabilité est mesurable : la zonuline, marqueur biologique clé, grimpe en flèche. Dans les laboratoires de recherche, on observe que les jonctions serrées entre les cellules s’ouvrent, laissant passer des molécules entières de gluten, des LPS et des toxines. Ce n’est pas un problème abstrait : c’est un état inflammatoire systémique qui épuise vos défenses jour après jour.
Les lectines : déclencheurs silencieux de la zonuline
Les lectines sont des protéines de défense présentes dans les légumineuses, le blé moderne, les tomates, les poivrons et même certaines noix. Leur rôle naturel est de protéger les plantes contre les prédateurs en se liant aux glucides présents sur les parois intestinales. Mais chez nous, ce « crochet » active la libération de zonuline, ouvrant les jonctions serrées et créant une brèche.
Gundry insiste : « Les lectines ne se contentent pas d’irriter l’intestin. Elles désarment littéralement le système de verrouillage qui le maintient fermé. » Même de petites expositions peuvent suffire à réactiver cette réponse chez les personnes sensibles.
Les solutions existent : cuisson sous pression des légumineuses, élimination des graines et peaux des solanacées, choix de céréales anciennes à faible teneur en lectines (millet, sorgho). Et pour les plus sensibles, Gundry recommande les compléments de type « bouclier anti-lectines », qui piègent ces protéines avec beaucoup d’efficacité, avant qu’elles n’atteignent la muqueuse.
LPS : l’incendie invisible de l’organisme
Les LPS (lipopolysaccharides) sont des fragments de membrane bactérienne produits par les bactéries Gram négatives. Dans un intestin sain, ils restent piégés dans la couche de mucus et sont évacués avec les selles. Mais en cas de leaky gut, ils passent dans le sang et se lient aux récepteurs TLR4, déclenchant une production massive de cytokines inflammatoires.
Ce phénomène, appelé endotoxémie métabolique, est corrélé à l’obésité, au diabète de type 2, aux maladies cardiovasculaires et aux troubles neurodégénératifs.
Les chercheurs observent que le taux sanguin de LPS peut être multiplié par 2 à 3 après un repas riche en graisses industrielles et en lectines si la barrière intestinale est compromise. D’où l’importance de la réparer : épaissir le mucus avec la NAG, nourrir Akkermansia muciniphila (la « gardienne du mucus »), consommer des polyphénols d’huile d’olive extra-vierge et restaurer un microbiote producteur de butyrate.
L’immunité : 80 % des troupes sur la ligne de front
Près de 80 % de nos cellules immunitaires sont postées le long de l’intestin. Ce « front immunitaire » surveille chaque molécule qui passe. Quand la barrière se fissure, l’alerte devient permanente : activation des mastocytes (histamine), prolifération des lymphocytes T, production d’anticorps contre des protéines alimentaires.
Gundry le décrit comme « une armée qui tire sur tout ce qui bouge ». Ce processus finit par provoquer des réactions auto-immunes : le corps confond ses propres tissus avec les intrus. Les maladies qui en découlent — Hashimoto, polyarthrite, lupus — trouvent souvent leur origine dans cet état d’alerte continu.
Rétablir la tolérance immunitaire passe par trois étapes : calmer l’inflammation avec des polyphénols (huile d’olive etc…), resserrer les jonctions serrées (butyrate, vitamine D3, zinc) et reprogrammer le microbiote avec des probiotiques spécifiques comme L. rhamnosus GG et B. breve M-16V.
Le butyrate : la clé de voûte
Le butyrate est l’AGCC le plus étudié pour la santé intestinale. C’est le carburant principal des colonocytes, qui représentent 90 % de la barrière. Il ferme les jonctions serrées, réduit la zonuline et calme l’inflammation.
Mais son rôle ne s’arrête pas là : il agit comme un signal épigénétique, activant les gènes anti-inflammatoires et stimulant les protéines découplantes UCP2 dans les mitochondries. Résultat : moins de radicaux libres, une meilleure efficacité énergétique et une longévité cellulaire accrue.
Sources : fibres fermentescibles (inuline, amidon résistant), mais aussi ghee de vaches nourries à l’herbe et fromages au lait cru riches en butyrate et en phospholipides. Gundry conseille de consommer quotidiennement un minimum de 1–2 c. à c. de ghee et 30–60 g de fromages de chèvre/brebis pour maintenir une production optimale de butyrate. Beaucoup plus en cas de porosité intestinale avancée.
Ce qu’il faut retenir pour agir sur notre barrière intestinale :
L’hyperperméabilité intestinale n’est pas une fatalité. Loin s’en faut. Elle est mesurable, réversible en grande partie et constitue l’un des leviers les plus puissants pour retrouver l’énergie et prévenir les maladies chroniques.
La stratégie du Dr Gundry est simple mais exigeante :
• Réduire drastiquement les lectines pendant au moins 4 à 6 semaines pour calmer la production de zonuline.
• Épaissir la couche de mucus avec la NAG et nourrir Akkermansia pour maintenir ce blindage.
• Réintroduire des bactéries productrices de butyrate et les nourrir avec des fibres adaptées.
• Consommer des polyphénols en grande quantité (huile d’olive extra-vierge ).
• Surveiller les marqueurs inflammatoires (CRP, zonuline) et viser une baisse tangible en 3 mois.
Le Dr Gundry, nous apprend à refermer la brèche…
« Le syndrome de l’intestin perméable n’est pas une simple hypothèse scientifique : c’est un constat clinique que j’observe chaque jour dans mon cabinet. J’ai vu des centaines de patients arriver avec des marqueurs inflammatoires explosés, des auto-anticorps positifs, des douleurs articulaires qu’aucun rhumatologue n’avait su expliquer. Leur CRP dépassait 10 mg/L, leur zonuline était élevée, leur microbiote appauvri.
Neuf mois plus tard, sans biothérapie coûteuse ni immunosuppresseur, ces mêmes patients ont retrouvé une CRP normale, une zonuline refermée, et une énergie qu’ils pensaient perdue. Pas parce que j’ai « supprimé » leur inflammation, mais parce que nous avons réparé la brèche.
Les exemples abondent. J’ai vu une femme atteinte de sclérose en plaques, incapable de marcher sans canne, retrouver une bien meilleure mobilité en restaurant la diversité de son microbiote et en éliminant les lectines de son alimentation. J’ai vu un jeune homme souffrant de Crohn en crise permanente retrouver un colon sain et résiliant à la coloscopie. J’ai vu des cas de psoriasis couvrant 80 % du corps disparaître, laissant place à une peau saine.
La zonuline n’est pas votre ennemie : elle est le système d’alarme de votre maison biologique. Si elle sonne en permanence, ce n’est pas elle qu’il faut faire taire avec un médicament : il faut chasser les intrus – lectines, gluten, pesticides, toxines de l’environnement.
Les LPS sont invisibles, mais leur pouvoir est immense. Ils activent vos macrophages, stimulent vos TLR4, provoquent une inflammation de bas grade qui ronge vos artères, votre foie, et même vos synapses. Réduire leur passage, c’est protéger votre cerveau du brouillard mental, votre cœur de l’athérosclérose et vos articulations de la dégénérescence.
L’un de mes patients, PDG d’une grande entreprise, souffrait de fatigue chronique au point de ne plus pouvoir tenir ses réunions. Ses analyses révélaient une endotoxémie élevée. Trois mois après avoir refermé son intestin – suppression des lectines, fibres fermentescibles, jeûne intermittent – il a retrouvé une clarté mentale et une énergie qu’il n’avait pas connues depuis ses 30 ans.
Une autre patiente, jeune femme de 28 ans avec lupus systémique, voyait son taux d’anticorps anti-ADN double brin monter malgré les traitements. Après six mois de protocole intestinal, ses anticorps ont chuté de 80 %, son éruption cutanée a disparu et elle a pu réduire progressivement ses immunosuppresseurs sous contrôle médical.
Chaque jour, je vois des parents désespérés pour leurs enfants autistes ou hyperactifs. La simple réparation de la barrière intestinale, associée à la restauration d’un microbiote producteur de butyrate, permet souvent de réduire les troubles de l’attention et les comportements agressifs. Pourquoi ? Parce que l’inflammation cérébrale diminue, les cytokines pro-inflammatoires baissent, et la neurotransmission redevient fonctionnelle.
Le plus impressionnant, c’est la vitesse avec laquelle le corps réagit. En six semaines, on observe déjà une baisse de la zonuline, une diminution de la CRP, et souvent un sommeil plus profond, signe que le système nerveux autonome retrouve un état de repos.
Certains disent que cela semble trop simple pour être vrai. Mais la biologie aime la simplicité : un intestin hermétique, un microbiote diversifié, un mucus abondant, et 80 % de vos problèmes inflammatoires disparaissent.
Ce n’est pas une promesse miracle. C’est de la physiologie. Quand vous retirez les saboteurs, que vous restaurez les clés de voûte bactériennes, que vous nourrissez vos compagnons intestinaux avec des fibres et des polyphénols, l’écosystème se rééquilibre. La forêt tropicale intérieure se remet à fleurir.
Si nous voulons inverser l’épidémie de maladies chroniques, nous devons cesser de traiter les symptômes et commencer par refermer la brèche. Votre intestin est votre plus grand organe immunitaire. Sa santé détermine votre longévité, votre humeur, vos hormones, votre cerveau. Prenez-en soin : chaque repas est une opportunité de voter pour une barrière forte ou une passoire. La décision vous appartient. »
Marion Kaplan.
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Le code intestin du Dr Steven Gundry aux éditions Thierry Souccar. Pour commander le livre direct éditeur : https://shop.vitaliseurdemarion.fr/le-code-intestin
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