12 / 09 / 2021

Rétablir l’équilibre acido-basique grâce à l’alimentation

« Le mode de vie et l’alimentation d’aujourd’hui conduisent à l’acidification de l’organisme et, par là, à une foule de maux », selon Christopher Vasey, naturopathe, l’un des « pionniers » de l’équilibre acido-basique. Appétit détraqué ouvrant la voie au diabète, calculs biliaires et rénaux, caries, constipation, courbatures et crampes, déprime, douleurs articulaires et tendineuses, fatigue, stress et irritabilité, épuisement, baisse de la fertilité, immunité faible, candidose, syndrome métabolique et même problèmes cardiaques… On arrête là !

La liste des conséquences d’un déséquilibre acido-basique est très longue. Qu’est-ce donc et comment y remédier ?

« De nos jours, en raison de nos habitudes alimentaires et du mode de vie que nous menons, l’équilibre acido-basique, c’est-à-dire l’équilibre qui devrait exister dans notre organisme entre les substances acides et alcalines (ou basiques) est rompu ; de plus en plus, nous tendons vers "l’acidification" », souligne Christopher Vasey. L’équilibre acido-basique (ou homéostasie du pH1) est l’un des paramètres chimiques les plus essentiels que notre organisme vérifie à chaque instant. Notre organisme tend naturellement vers l’acidité, ne serait-ce qu’en respirant et en digérant. Un déséquilibre qu’il compense de lui-même à l’aide de systèmes d’élimination : les systèmes de tampons et de neutralisation. Une « chimie interne » bien rodée, aujourd’hui mise à mal par nos habitudes de vie et notre alimentation. En effet, l’alimentation moderne est acidifiante : elle est raffinée et elle contient trop de viande, de sucre, de sel, de produits laitiers, d'aliments transformés, etc.

Le mode de vie actuel est acidifiant : stress permanent nous mettant sous pression constante, qu’elle soit économique ou sociale, sans compter la pollution atmosphérique, le confinement… Pas assez de grand air ! Un excès d’acidité que notre organisme s’évertuera toujours à compenser coûte que coûte, puisque cet équilibre nous est vital. Mais ces compensations « ont un coût physiologique exorbitant », comme le souligne Anne Dufour dans son ouvrage Ma bible acido-basique. Et d’expliquer : « Elles se font notamment au détriment de notre réserve en calcium (squelette). Comme la composition du sang doit être absolument constante, en cas d’acidité trop intense le corps doit neutraliser avec ce qu’il trouve, en l’occurrence du calcium qu’il va piocher dans l’os. Une alimentation chroniquement trop acidifiante (excès de viande/sel/fromage, céréales, gluten) est le plus court chemin pour avoir un squelette en mauvais état. C’est ce que l’on appelle l’acidose métabolique latente. »

L’acidose métabolique latente, une nouvelle « épidémie » Beaucoup trop d'acides (acidose), c’est la mort. Beaucoup trop de bases (alcalose), c’est la mort aussi. L’acidose métabolique latente (ou acidose chronique de faible niveau), c’est le « légèrement trop acide » en permanence qui finit à long terme par perturber les fonctions, les organes, l’organisme dans sa globalité. Il n’est pas en urgence absolue comme dans l’acidose aiguë, il fonctionne encore, mais un peu moins bien. Puis de moins en moins bien avec toute la cascade de troubles plus ou moins graves qui en découlent… Cela fait finalement de l’acidose latente « une urgence à long terme », pour reprendre les propos d’Anne Dufour. Il est à craindre que nous soyons nombreux à être dans ce cas de figure, un petit peu trop d’acidité chaque jour. Agissons donc avant le stade d’urgence. L’alimentation participant pour une bonne part à l’acidification du terrain, c’est de là qu’il faut partir.

Aider notre corps à tamponner et neutraliser les acides

Avoir une bonne alimentation est incontournable pour désacidifier notre organisme qui dispose donc, nous l’avons vu, de deux systèmes de compensation : - les systèmes dits tampons, qui amortissent un excès d’acide : ce sont notamment les bicarbonates, qui sont principalement fabriqués à partir des légumes et de certains fruits ; - les systèmes de neutralisation, qui vont neutraliser un acide à l’aide d’une base. Les bases sont fabriquées par le corps à partir des minéraux (calcium, magnésium, potassium) que l’on trouve dans les végétaux, notamment les légumes. Mangeons donc, comme nos ancêtres du Paléolithique, beaucoup de végétaux ! Ils vont fournir à notre organisme les bases dont il a besoin sans aller piocher dans les réserves. Globalement, les aliments acidifiants sont les viandes, les poissons, les œufs, les fromages (et autres produits laitiers), les céréales raffinées, les huiles raffinées, les biscuits et les gâteaux, les légumes secs (à l’exception des haricots) et les graines. Les aliments alcalinisants et/ou tamponnants sont les légumes verts, les fruits, les graines germées, les herbes et les épices, les pommes de terre, les châtaignes, les algues et les haricots secs.

L’indice PRAL, l’outil de mesure acido-basique

L’indice PRAL, mis au point par le professeur allemand Thomas Remer dans les années 1990, est l’outil de mesure acido-basique d’un aliment. « Il exprime la quantité d’acides qui se présenteront aux reins et que ceux-ci devront éliminer après la consommation d’un aliment donné (pour 100 g) », nous explique Christopher Vasey. Cet indice se mesure en milliéquivalent (mEq). Si le nombre obtenu en mEq est supérieur à 0, l’aliment est acidifiant. Par exemple, le bœuf maigre (+ 7,8). S’il est inférieur à 0, il est alcalinisant. Par exemple, les pommes (- 2,2). S’il est de 0 (ou très proche de 0), l’aliment est neutre. Par exemple, l’huile d’olive (0). D’une manière générale, la méthode PRAL confirme les classifications classiques selon lesquelles les aliments acidifiants sont la viande, le poisson, les laitages, les céréales et les légumineuses, et les aliments alcalinisants sont les fruits et les légumes. Mais quand on y regarde de plus près, il existe des différences importantes, pointe Christopher Vasey, entre les différentes listes PRAL classifiant les aliments. Un bon repère général donc, mais avec des lacunes. En outre, qui dit « bon indice PRAL » ne dit pas forcément « bon pour la santé » : le sucre, les sucreries, les sodas figurent dans ces classifications en tant que « neutres »…


Rééquilibrer et bien associer

Doit-on bannir tout aliment acidifiant de nos assiettes ? Absolument pas, puisque nous avons vu que notre corps a besoin de substances acides et alcalines. Il s’agit de « rééquilibrer les aliments acidifiants avec les aliments alcalinisants, dans des proportions correctes », souligne Anne Dufour. Et aussi selon de bonnes associations. L’alimentation acido-basique donne la part belle aux aliments alcalinisants. Les proportions correctes sont dans l’idéal 70 % d’aliments alcalins pour 30 % d’aliments acidifiants. Ainsi, imaginons qu'aujourd'hui à midi vous mangiez de la viande. Limitez-vous à 100 g (70 à 90 étant encore mieux) et accompagnez-la d’une bonne assiette de haricots verts ou d’épinards cuits à la vapeur douce, neutralisants, puis tamponnez en fin de repas un peu de citron. D’une manière générale, l’alimentation acido-basique – qui rejoint en ce sens la paléobiotique, l’alimentation de nos ancêtres – n’apprécie pas les plats « tout prêts », le sel en excès (surtout raffiné), le sucre blanc, ainsi que les céréales et les produits laitiers (surtout le fromage), tous très acidifiants. Elle privilégie les protéines végétales aux protéines animales, très acidifiantes.

Ces dernières libèrent en effet, lors de la digestion, des acides forts tels que l’acide sulfurique ou l’acide phosphorique. Les protéines végétales libèrent aussi des acides, mais ce sont des acides organiques (acide citrique, tartrique, malique, etc.) dits faibles, accompagnés de minéraux basiques (potassium, calcium…) qui tempèrent leur impact acidifiant. Il faudra néanmoins manger de la viande rouge cuite à la vapeur une fois par semaine, pour son apport en vitamine B 12 et en L-carnitine, acide aminé indispensable au fonctionnement de nos mitochondries, centrales énergétiques de nos cellules.


Qui dit goût acide ou acidulé ne dit pas aliment acide

Le citron, la grenade, l’oseille, le vinaigre, les cornichons… Leur goût acide est dû à certains acides présents : acétique, lactique, citrique. Ce sont des acides dits faibles que le corps transforme en bicarbonates tamponnants. Ils ne sont donc pas du tout acidifiants pour notre organisme ! Contrairement à la viande qui n’a certes aucune saveur acide mais dont la digestion libère des acides dits forts, ayant directement un impact acidifiant pour le corps, comme nous l’avons vu. Et puis n’oublions pas que la désacidification de notre organisme passe aussi par l’hygiène de vie : une bonne respiration, de l’activité physique en plein air, de préférence pur (dans les bois ou à la campagne), pour un fonctionnement maximal de nos poumons, éliminateurs d’acides !


Notes

1 - Le pH (potentiel hydrogène) permet d’évaluer la concentration de l’ion hydrogène dans une solution. Cette grandeur chimique mesure le caractère acide ou basique d’une solution aqueuse. Plus la solution est acide, plus la valeur du pH est faible, et inversement. Le pH se mesure sur une échelle (graduée de 1 en 1) qui va, par convention, de 1 à 14 :


- 0 est la plus forte acidité : concentration très élevée en acides (et très faible en bases) ;

- 14 est la plus forte basicité ou alcalinité : concentration très faible en acides (et très élevée en bases) ;

- 7 est la neutralité (concentration équivalente en acides et en bases). Source : www.lanutrition.fr


2 – Classification chimique des acides et des bases : 

- acides forts : HCl, H2SO4, H3PO4, HNO3 ;

- acides faibles : H2CO3, HCOOCH3, acides organiques ;

- bases fortes : Na, K, Ca, Mg ;

- bases faibles : NH4, amines, polyamines.


+ Paléobiotique de Marion Kaplan (Thierry Souccar Éditions).


Ma bible acido-basique d’Anne Dufour et Catherine Dupin (Éditions Leduc.s).

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