12 / 11 / 2019

La maladie de Crohn : une nouvelle approche

Toutes personnes atteintes de la maladie de Crohn sait combien elle est invalidante. Les diarrhées peuvent se manifester à n'importe quel moment et tout le monde n'a pas à proximité des toilettes pour se soulager. C'est une maladie très invalidante. On l'appelle maladie inflammatoire chronique de l'intestin (MICI) qualifiée de maladie auto-immune. Elle atteint tout le tube digestif de la bouche à l'anus, avec une prédilection pour la région iléo caecale (c'est la région au niveau de l'appendice). Les symptômes sont très douloureux. On peut souffrir de douleurs abdominales, de diarrhées qui peuvent durer de plusieurs semaines à plusieurs mois avec parfois du sang dans les selles. Elle entraîne bien évidemment de la fatigue, parfois de la perte de poids, mais surtout de la dénutrition car les selles diarrhéiques entraînent avec elles de nombreux minéraux indispensables au bon fonctionnement de l'organisme. Il peut y avoir également des fissures, des fistules et même des abcès. Certaines personnes peuvent être atteintes au contraire de syndromes occlusifs et aller jusqu'au fécalome.

Cette maladie survient entre l'âge de 15 ans et 40 ans et touche 3 femmes pour 2 hommes. Mais apparemment, on voit de plus en plus d'enfants plus jeunes atteints de maladies inflammatoires chroniques de l'intestin qui peuvent évoluer, selon le polymorphisme génétique de l'enfant, en maladie de Crohn . Aujourd'hui, la fréquence de la maladie augmente. En France on comptabilise 200 malades pour 2 millions de personnes dans le monde. Elle toucherait plutôt les pays nordiques et en France plutôt la partie du nord du pays.

C'est une maladie qui évolue par poussées entrecoupée de périodes de rémission à durée variable.

Les symptômes et l'expression de cette maladie varient beaucoup d'un individu à l'autre.

Je suis allée interroger le docteur Florence Adriani * : 

Quels sont les principaux facteurs déclenchants ?

- L'alimentation bien entendu, car certains aliments comme le gluten, (la gliadine que contiennent les céréales contenant du gluten stimulent la zonuline) activent l'ouverture du complexe des jonctions serrées. Cela favorise le fameux syndrome de la perméabilité intestinale (leaky gut syndrom).

- Les traitements de la maladie de Crohn aggravent la situation car on donne des anti-inflammatoires, des immunosuppresseurs et des corticoïdes qui ne font qu'entretenir la perméabilité intestinale. Il faut savoir que tout ce qui favorise la perméabilité intestinale peut aboutir à une maladie de Crohn.

- Comme toutes les maladies inflammatoires de l'intestin la maladie de Crohn est une maladie multifactorielle complexe qui survient en général chez des individus génétiquement prédisposés et qui vont être exposés à un ou plusieurs facteurs de risques environnementaux induisant une perméabilité intestinale, ce qui facilite le passage de molécules étrangères à l'intérieur de la paroi et qui sera responsable de l'activation non contrôlée de la réponse inflammatoire.

- Sur le plan génétique le gène CARDI 15/NOD 2 découvert sur le chromosome 16 joue un rôle primordial : il participe, par l'intermédiaire de la paroi bactérienne, à la reconnaissance et à la réponse de l'hôte vis-à-vis de bactéries. Ainsi, la flore ou les affections situées dans le tube digestif peuvent intervenir comme facteur favorisant. Mais ce gène présentant des mutations est présent chez seulement 50 % des malades et chez 20 % des sujets sains. Donc la lecture génétique n'est pas suffisante pour que la maladie s'exprime.

Il faudra des facteurs épigénétiques c'est-à-dire des facteurs liés à notre environnement et à notre mode de vie. Parmi ceux-ci on compte l'ablation de l'appendice, la Malbouffe moderne très riche en gluten, en sucre et en produits chimiques, et la consommation de tabac. Une bactérie peut être également impliquée : la Campylobacter consisus, située dans l'oropharynx et qui produirait une toxine qui ouvrirait les jonctions serrées de l'intestin.

Seule les gastro entérologues sont en mesure de poser le diagnostic de la maladie de Crohn. La législation n'autorise pas le médecin généraliste à poser le diagnostic. Cependant, aux vues des symptômes, ils peuvent intervenir.


Approche nutritionnelle

La première stratégie consiste en l'arrêt total des aliments contenant du gluten, de la caséine bovine et des sucres ajoutés.

Pour restaurer un bon microbiote il faudra enrichir l'assiette en légumes de préférence cuits à la vapeur douce, pour leur apport en fibres, en vitamines, en minéraux, en anti oxydants etc. les légumes crus étant mal supportés surtout si l'enfant ou la personne ne mastique pas consciencieusement ses aliments.

Il ne faudra pas oublier les protéines animales, riches en glutamine qui ont pour effet de renforcer le mucus intestinal. Le docteur Natasha Campbell McBride conseille des bouillons d'os pour leur apport en minéraux et en collagène. En général, les enfants apprécient les poules au pot ou les pots au feu. C'est la saison profitez en !

Ils pourront consommer des fruits à index glycémique plutôt bas pour éviter l'inflammation due à la sécrétion trop importante d'insuline.


Prise en charge micro nutritionnelle

Le médecin pourra prescrire des bilans standards :

  • NFS, VS, CRP us,
  • Electrophorèse (pour une recherche de dénutrition)
  • Statut martial du fer ( ferritine, coefficient de saturation, hepsidine, transferrine)
  • Haptoglobine (pour détecter et évaluer une Anémie hémolytique)
  • Calprotectine fécale représente un outil diagnostique intéressant pour distinguer les atteintes inflammatoires et fonctionnelles car il est non invasif et peu coûteux.
  • Indice Homa pour vérifier s'il y a de l'insulinorésistance
  • Les vitamines A, toutes les B, D, E, zinc, sélénium
  • Homocystéine

Le bilan de biologie préventive :

  • Les acides gras érythrocytaires
  • Les intolérances alimentaires de type IgG (gluten, caséine, œufs)
  • MOU (métabolites organiques urinaires) permettent d'observer s'il y a une dysbiose d'origine fongique ou bactérienne ce qui permet une approche thérapeutique ciblée.
  • Coproscreen (analyse de selles permettant d'évaluer l'étendue des déséquilibres)
  • BMI ou indice de masse corporelle
  • Acide gras à courte chaîne (fabriqués dans le colon)
  • Zonuline permettant de diagnostiquer avec le LBP la perméabilité intestinale
  • FUT2 test génétique permettant de voir si on est ou non sécréteur d'une enzyme primordiale pour un intestin en eubiose, c'est-à-dire fonctionnel. 20 % des Français sont non sécréteurs et peuvent résoudre leurs problèmes en ajoutant cet enzyme, la Fucosyl transferase 2


Le traitement

Outre une alimentation corrigée sans gluten, sans caséine et sans sucre, riche en fibres et en acides gras oméga 3, selon les résultats, il faudra supplémenter en vitamine D naturelle, en Zinc, en glutamine (à éviter en période de crise), en vitamines A à base d'huile de foie de morue, en sélénium, en faire, en manganèse, en vitamines B, en curcumine, en réglisse dans des compléments alimentaires.

L'ajout de probiotiques comme les lactobacilles et les bifidus seront nécessaires pour tapisser de bonnes bactéries l'intestin.

L'ajout de prébiotiques et de resvératrol peut s'avérer intéressant.

La répartition des protéines va être primordiale

Si la personne est en surpoids et pas trop dénutrie, il serait intéressant de lui faire suivre un jeûne bien suivi ou d'observer le jeûne séquentiel pendant quelques semaines.

Il faudrait manger des protéines toutes les 4 heures en petites quantités. En effet, en fractionnant les protéines on évite l'acidose. Des études démontrent que la première cause de l'acidité provient de la perte de protéines chez l'humain. Si il perd du muscle ,il y a une perte de calcium et de potassium. C'est le fait de manger un gros morceau de viande qui peut être délétère surtout de la viande rouge.


Exemple d'une journée

Le matin

Une protéine animale : un œuf si on n'est pas intolérant ou une tranche de jambon ou un petit morceau de poisson avec 1/2 avocat ou de la compote de pommes maison. Attention aux amandes car il peut y avoir des allergies croisées. L'apport de gras le matin ne pose aucun problème.

À midi

80 g de protéines animales avec des légumes vapeur assaisonnés avec des huiles de première pression à froid, colza, noix, mélangées avec de l'huile d'olive. On peut ajouter une salade de pommes de terre cuites à la vapeur puis refroidies, ou du quinoa ou du riz rincé 5 fois.

À 5 heures

Selon ce qu'on a mangé comme protéines le matin, on peut manger soit du jambon, soit des œufs, soit des barres protéinées vegan soit du fromage de brebis ou de chèvre, plutôt issus de pâte cuites, selon ses tolérances. On peut prendre des whey protéines, c'est-à-dire des protéines issues du petit lait, bien sûr issu d'élevages à l'herbage.

Le soir

Un potage épais avec des protéines végétales si le microbiote de la personne les supporte.




Lors de ce type de pathologie le foie est en souffrance et il faut lui donner un coup de pouce avec par exemple du glutathion et du desmodium.

Le laboratoire Le Stum fait un excellent produit, le Sublinthion.

On oubliera pas de renforcer la muqueuse intestinale en apportant de la Glutamine et du Curcuma.

Pour neutraliser l'inflammation intestinale, le laboratoire Bionutrics a élaboré depuis plus de 30 ans une poudre complète pour lutter contre l'inflammation intestinale: Nutriinflam

Cependant, tous les patients ne le supportent pas. Il faut commencer par des petites doses, toujours avant les repas, pour aller dans un premier temps à 3 doses par jour puis redescendre, jusqu'à une dose par jour.

Chez les jeunes filles qui ont une maladie de Crohn on peut leur ajouter, avant les repas, une dose de Nutriflavone ( Bionutrics), c'est de la génistéine , du Sterobalance (pour l'équilibre hormonal et éviter la chute d'œstrogènes).

Enfin quand la maladie est très avancée, on peut envisager cette nouvelle technique de transplantation fécale.

Quoi qu'en disent les médecines conventionnelles, la maladie de Crohn est guérissable à condition de suivre toute sa vie le modèle alimentaire de type paléobiotique et cétogène dans les moments de crise.

Il faudra travailler sur soi et éviter le stress chronique. Aujourd'hui nous avons accès à de nombreuses thérapies comportementales comme la cohérence cardiaque, la méditation, l'autohypnose, la sophrologie etc. qui sont d'un grand secours pour mener une vie agréable sans douleur. C'est un choix et un engagement. Le ferez vous ?


Marion Kaplan

*Interview du docteur Florence Adriani, médecin généraliste, titulaire d'un diplôme de micronutrition DU de Dijon et formée par le professeur Vincent Castronovo. Elle exerce dans la région de la Ciotat (13).


Partager